La construction d'un
premier bâtiment
Au cours de l’été 2008,
avec le concours d’un architecte bénévole
membre de Nazarena France un premier bâtiment a été
construit. D’une superficie de 160 m2 au sol, ce bâtiment
comprend deux classes de 32m2 et 13 m2 et une vaste varangue.
Il s’agit d’un bâtiment de construction
traditionnelle, mais dont la structure est renforcée
de façon à respecter les principes de construction
paracyclonique des bâtiments scolaires. Ce bâtiment
est aujourd’hui terminé et il a déjà
été utilisé pour lancer des ateliers
d’animation destinés aux habitants d’Aboalimena
(poterie, couture, hygiène et santé). Nous formons
le projet d’y apporter un éclairage solaire de
façon à élargir son utilisation pour
y donner des cours du soir et introduire des moyens audiovisuels
et informatiques.
Le bâtiment construit n’a pas
pour fonction d’accueillir les ateliers. Il faudra dans
l’avenir prévoir un lieu d’accueil spécifique
pour les ateliers et les activités coopératives
qu’ils auront engendrés.
Programme
de construction à venir
Nous avons mené en 2009 des études
d'aménagement du terrain en distinguant différents
lieux fonctionnels comme le puits, les communs, les sanitaires,
un auvent de matériel léger pour une salle à
manger pouvant aussi accueillir les ateliers de la coopérative,
les terrains d’expérimentation des élèves
ainsi que les endroits où seront plantés des
arbres fruitiers. Pour la clôture, des boutures d’arbres
ont été plantées à intervalles
réguliers entre lesquels sont insérés
des poteaux selon la méthode des clôtures utilisées
dans le village. Toute cette organisation de l’espace
fera l’objet d’un plan directeur discuté
point par point entre le Président et le bureau de
Nazarena-Madagascar et l’architecte vice-président
de Nazarena-France. Le prochain bâtiment devrait économiser
au maximum les bois durs et les remplacer par du bois de construction
courant.
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Le programme pédagogique de l’école
Un
pricipe directeur : la formation au cœur du développement
local
Si Nazarena a donné une toute première
priorité à ce projet d’école d’agriculture,
c’est dans le but d’offrir à des jeunes
éleveurs, pêcheurs et/ou agriculteurs un avenir
qui les place au centre des stratégies de développement
local. L’objectif final est à l’issue de
cette formation de leur délivrer un diplôme reconnu
qui leur permette de prétendre à des postes
de vulgarisation agricole dans les centres vétérinaires,
dans les instances du ministère de l’Agriculture,
les services des forêts et de la pêche. On sait
en effet, que la relève des actuels fonctionnaires
en poste n’est pas assurée et, de plus, la démonstration
sera faite que des paysans issus de leur milieu peuvent être
les porteurs de nouvelles stratégies productives dans
la mesure où ils connaissent parfaitement les obstacles
qui s’opposent à toute innovation. Ils devraient
être plus à même de susciter les transformations
rendues nécessaires par les nouveaux enjeux de la mondialisation.
Le mot est prononcé « mondialisation »
! Oui, le Menabe du nord où se trouve Aboalimena est
directement concerné par la « mondialisation
». C’est une région qui était réputée
de faible densité humaine compte tenu des espaces de
forêt qui alternent entre les cours d’eau des
fleuves de la Tsiribihina et du Manambolo, tandis que les
régions deltaïques sont couvertes de mangroves
entre lesquelles se font des cultures de baiboho secs et humides
et une riziculture de faible productivité. L’agriculture,
particulièrement les « Hatsake » ou cultures
sur brûlis forestiers ont conservé une forme
extensive devant la difficulté de nettoyage des terres
avant mise en culture poursuivie 3 années durant sur
les mêmes terres. Il n’y a aucune mécanisation
agricole, alors que celle-ci serait possible sur de grandes
superficies comme cela est projeté sur l’ancienne
concession de sisal « de heaulme » achetée
par des investisseurs mauriciens. Des acteurs du développement
existent dans les villages, mais les moyens manquent pour
passer à un stade supérieur de production qui
puisse permettre de réaliser des économies d’échelle.
La forte demande pour le maïs demanderait du matériel
agricole plus efficace que la simple charrue ou l’angady.
Les superficies cultivées augmentent avec le déséquilibre
population/ressources du fait des migrations et de la croissance
naturelle de la population. Le « far-West » malgache,
comme on a pu qualifier la région du Menabe dans les
dix premières années de République n’est
plus un eldorado.
Le choix de la mairie d’Aboalimena qui est une région
enclavée une partie de l’année n’est
pas fortuit. Il devrait permettre de bien articuler la formation
théorique en tenant compte de l’environnement
local – les facteurs géo-climatiques, les types
d’activités associées, les sous-régions
à économies complémentaires. L’objectif
de la formation est centré sur l’objectif de
renouvellement du personnel de vulgarisation agricole travaillant
dans les services administratifs vétérinaires
et des eaux et forêts dont la relève n’est
aujourd’hui pas assurée. De plus, notre projet
bénéficie du soutien du Docteur Djadagna, chef
des services vétérinaires de la sous-préfecture
de Belo- Sur-Tsiribina qui a accepté de travailler
directement avec l’association, son service employant
actuellement le plus grand nombre de vulgarisateurs dont la
relève devra être prise par des jeunes gens de
milieu rural ayant acquis une formation solide au sortir de
l’école.
Les enjeux d'une
formation en entrepreunariat agricole
Les principes que nous proposons pour la mise en œuvre
de cette formation ont été discutés avec
le Docteur Djadagna et le président de Nazarena-Madagascar
en présence de la Présidente de Nazarena-France
depuis octobre 2008. Cette école située en milieu
rural enclavé, sera la 1ère en date. La réflexion
menée est le produit du travail associatif déjà
réalisé dans la commune d’Aboalimena depuis
2002 et tient compte de l’expérience et des connaissances
théoriques du Docteur Djadagna. Nous pensons que c’est
à travers la formation et la fondation d’une
école d’agriculture que l’on peut proposer
une collaboration concrète aux intellectuels et aux
responsables régionaux du développement de la
région Menabe pour une adaptation aux transformations
nécessitées par les enjeux de la mondialisation,
les projets de mise en valeur agro-industrielle des terres
du Menabe, l’exploitation pétrolière et
du gaz naturel et des projets privés de développement
touristique des côtes. Face à de tels enjeux,
la petite paysannerie locale doit trouver sa place dans le
développement malgré la faiblesse structurelle
de ses moyens de production : absence de mécanisation
agricole, de fertilisants, de pesticides, coût élevé
des semences, et prix de marché trop faibles. Devant
ces difficultés, voire l’impossibilité
d’accéder aux ressources humaines et techniques
pour le développement dans la mondialisation, la fondation
d’écoles d’agriculture diffusées
en milieu rural reste une voix d’entrée pour
une aide au développement local et à la production
agricole par les ONG et les organismes financiers internationaux.
L’école peut agir sur les mentalités par
la formation des jeunes qui deviendront les acteurs de leur
propre développement. Notre idée est de préparer
le milieu à recevoir et utiliser au mieux les aides
existantes, qu’il s’agisse de mécanisation
agricole, d’aide financière pour l’utilisation
de semences plus résistantes aux mauvaises herbes,
aux insectes etc..
Notre pari sur l’avenir est de dire que la petite paysannerie
agricole peut contribuer au développement dans la mesure
où elle accède aux moyens techniques et financiers
pour élever l’échelle de ses productions
que les ressources humaines seules ne peuvent atteindre. Les
modules de notre formation à l’entreprenariat
agricole seront articulés aux problèmes réels
rencontrés par les pêcheurs, les agriculteurs
et les éleveurs d’aujourd’hui.
Les principes d'organisation
de la formation
Notre objectif consiste à donner une deuxième
chance à des jeunes gens et jeunes filles
de 15 ans qui ne peuvent poursuivre leurs études et
sont stoppés au niveau de T5. D’autres qui n’ont
pas été atteint par la limite d’âge
n’ont pas réussi l’examen d’entrée
au collège de CEPE. Enfin il existe aussi ceux qui
n’ont pu envisager une formation à Belo dans
la ville la plus proche où se trouve le collège
d’Etat d’enseignement parce que leurs parents
n’en n’ont pas les moyens. A tous ces jeunes candidats
nous souhaitons ouvrir la possibilité de poursuivre
des études.
A ceux qui n’ont pas leur CEPE, nous proposerons une
remise à niveau (par exemple un tutorat de
six mois en cours du soir) de sorte que ceux qui n’ont
pas leur CEPE puissent repasser l’examen avec de plus
grandes chances de réussite.
Les élèves détenteurs du CEPE poursuivront
un cursus scolaire théorique et pratique de
trois années de spécialisation agricole
à l’issue duquel ils pourront se présenter
à l’examen final. L'école étant
agréée par le ministère de l’Education
Nationale la formation donnée sera équivalente
à celle des établissements de formation professionnelle
agricole du même niveau. Elle sera sanctionnée
sinon par un diplôme, du moins par un certificat attestant
la valeur des anciens élèves et les connaissances
acquises.
Conditions d'entrée
à l'école d'agriculture
Le recrutement se fera par concours
sur différents critères
Les élèves entrant en 1ère année
recevront une formation générale : formation
en langues (français et malgache) et en mathématiques,
biologie et sciences naturelles, ainsi qu’une formation
spécialisée agricole. Dès cette première
année, ils bénéficieront d’une
formation pratique au métier d’agriculteur par
la participation aux travaux de mise en valeur des terrains
de l’école. Leur travail permettra d’alléger
les contributions à la charge des familles.
Les deux années suivantes prévoiront une poursuite
de la formation générale à laquelle seront
intégrées l’ensemble des matières
enseignées dans les écoles d’agricultures
et vétérinaires. En effet, le contenu de la
formation sera centré sur l’agriculture associée
à l’élevage ainsi que sur la gestion des
espaces forestiers dont on sait l’importance qu’elle
présente pour le Menabe. Une formation spécifique
sera consacrée à cette question ainsi qu’à
la protection des mangroves . Les enseignements respecteront
les programmes des établissements de niveau équivalent
tels qu’ils seront édités par le ministère
en charge des collèges d’agriculture.
La formation pratique sera assurée par la gestion
par chaque élève d’un projet personnel
choisi en fonction de ses aptitudes et entrant dans le cadre
de l’organisation de l’école en exploitation
agricole autonome (exploitation maraîchère, élevage
et gestion d’un troupeau, gestion d’une ressource
naturelle, etc.. ).
Chaque année se terminera par un examen permettant
de passer au niveau supérieur. L'examen final sera
sanctionné par un certificat de réussite, et
le projet proposé par l'élève pourra
être soutenu financièrement sous forme d'un micro-crédit.
Insertion professionnelle
A l’issue de leur formation, les élèves
auront la possibilité de faire acte de candidature
auprès des services d’agriculture, de la pêche
et vétérinaires pour des postes de vulgarisateurs
qui seront ouverts à ceux qui auront reçu une
formation idéale pour s’y présenter. La
première génération d’élèves
ne devrait pas avoir de difficultés pour se placer
à l’issue de cette formation dans la mesure où
la relève ne paraît pas exister pour les personnes
qui exercent actuellement la fonction de vulgarisateur.
L’un des objectifs principaux de la formation serait
alors atteint : utiliser les compétences acquises par
les fils et filles de paysans pour favoriser le développement
agricole de leur propre région, en faire des
innovateurs au sein de leur propre milieu de vie et de travail.
Ils ne seront pas isolés de leur milieu d’origine
et seront placés au sein même des communautés
rurales pour agir sur le développement local, développer
la polyculture, assurer la préservation des ressources
forestières par la sécurisation foncière
des lieux de pâturages traditionnels. Ainsi, la forêt
sera protégée par les éleveurs eux-mêmes
qui ne craindront plus d’être désappropriés
de leurs terres non agricoles.