Présentation de la Région

Evolution de la région d'Aboalimena

La région Menabe où nous travaillons a connu depuis 2007 des changements considérables. Longtemps rattachée à la province de Tulear la région est désormais autonome et sous l'autorité d'un Chef de Région nommé par le gouvernement. Ce sont les régions qui mettent en place leurs propres plan de développement. Depuis les changements politiques intervenus à Madagascar les chefs de région nouvellement nommés ont vu leurs responsabilités accrues d'autant plus que l'ensemble des élus régionaux ( sénateurs, députés ) ont été démis de leur charges. Des élections à tous niveaux doivent se dérouler au printemps 2010. Au niveau local, la politique de décentralisation a conduit à des changements dans les formes de gouvernance. De nouvelles respeonsabillités ont été données aux communes, concernant la gestion des ressources naturelles, la politique de gestion du foncier, les opérations de développement local. Enfin, les chefs de quartier représentent désormais le premier échelon de la fonction publique. Il sont payés par l'Etat et ont bénéficié d'une formation leur permettant de formuler des projets et de les réaliser. Ces nouveaux acteurs du pouvoir local sont élus au premier degré, puis choisis sur une liste par les représentants de la Mairie, la décision finale revenant au sous-Préfet. Cette double qualité d'élus/nommés leur donne un positionnement particulier dans les pouvoirs locaux entre les mairies et les sous-préfectures.

Parallèlement la région est soumise à d'importants enjeux internationaux, qui ne sont pas toujours sensibles à l'échelon local, mais qui apparaissent à l'occasion de conflits d'intérêts. Les terres communales, longtemps lieu de pacage des bœufs et appropriées de manière traditionnelle, sont menacées par l'arrivée de migrants d'autres régions de Madagascar et par les tentatives de main-mise sur les terres arables de grands groupes internationaux ( Corée , Inde , Chine ). Les côtes et les mangroves peuvent devenir un enjeu touristique, comme c'est déjà le cas à Belo Sur Mer. Enfin des ressources pétrolières ont été identifiées au Nord du Manambolo, dont l'exploitation risque d'être plus un facteur de déséquilibre économique qu'une opportunité de développement local

  Histoire du Menabe

L’histoire de la région Menabe se confond avec celle de la dynastie Maroseragna qui a donné les premiers rois Sakalava. Sa montée en puissance sous le règne du roi Ndriandahifoutsy a fixé les limites du 1er royaume Sakalava à Madagascar. De nombreux ouvrages ont traité de la formation autochtone Maroseragna-Sakalava. Un rituel dynastique, le bain des reliques ou Fitampoha est célébré  tous les 5 ans ( autrefois tous les dix ans ) pour rappeler les étapes de la migration Maroseragna. Le premier Menabe se situait au Sud à Benge sur un affluent du fleuve Mangoky, et la migration s'est stabilisée au nord à l'apogée du royaume . Le caractère du Fitampoha de 2004 laisse à penser cependant que la mémoire de l'histoire du peuple sakalava et de ses rois pourrait bientôt prendre d’autres voies.

    Climat
Le Menabe se caractérise par un climat tropical semi-aride à courte saison des pluies. Les écarts pluviométriques interannuels apparaissent comme le fait le plus marquant du climat de l'Ouest malgache. Les variations très marquées font apparaître des saisons alternées très marquées : une longue saison sèche s'étend du mois d'avril au mois de novembre, avec une période de sécheresse qui d'avril à octobre ne présente que des précipitations quasi-nulles. En novembre, de rares mais violents orages annoncent la saison pluvieuse. Jusqu'à la fin du mois de mars le climat n'est plus qu'une alternance de pluies, certaines persistantes et modérées, d'autres courtes et très intenses. C'est à cette saison que la région peut être soumise à des cyclones dévastateurs.  Ce régime pluviométrique influence l'hydrologie du delta de la Tsiribihina. D'une part les marées remontent le fleuve, engendrant des courants, et noyant de vastes zones de mangrove, d'autre part  les fleuves et leurs affluents débordent, inondant la plaine et les lacs qui bordent le fleuve. En revanche, ces crues saisonnières fertilisent les sols avec les dépôts d'alluvions et forment les Baiboho très convoités par les agriculteurs.

  Les migrations et l'émergence d'une nouvelle société

Le Menabe a de tout temps été considéré comme un véritable « eldorado » pour les Malgaches des autres régions : les Merina et Betsileo des Hautes Terres, les Antaisaka, Bara, Antaimoro, Antandroy et Andrevola des Sud-est et Ouest, des Betsimisaraka, Antankarana du Nord de l’île. Les courants migratoires venus de toutes ces régions ont changé la composition sociale du Menabe. Certains migrants se sont installées depuis plus de 5 générations et les mariages interethniques n’ont cessé de se multiplier. Cette réalité métisse locale ne peut être ignorée dans les changements contemporains. Sakalava et migrants cohabitent sur la base de la parenté à plaisanterie «Fatidra» qui est une forme de contrat social informel pour la mise en valeur des terres. Les notions de «tompon tany» originaires propriétaires de la terre et d’enfant de la terre «zanatany» relatives aux migrants de la 1ère et 2ème génération ont évolué et méritent d’être revues à la lumière de ces nouveaux rapports.

   Les ressources

Dans l'ensemble de l'Ouest malgache, l'élevage de bœufs est un élément primordial de la vie sociale et économique. Le bœuf est cependant plus une réserve utilisable quand on a besoin d'argent, qu'une source de lait ou de viande. Les bœufs vivent en majorité dans la forêt, et sont donc en dehors des cicuits normaux de commercialisation. La riziculture est exploitée dans les zones de delta et en culture de décrue. Le riz est à la base de l'alimentation dans tout Madagascar, il peut manquer en période de soudure, et quand les rizières s'assèchent en rasion des fluctuations du lit des rivières. La production de cultures sèches sert en premier lieu à diversifier les repas. le manioc, le maïs, la patate douce constituent en effet, après le riz, la base de l'alimentation villageoise. Les cocotiers, manguiers et bananiers sont cultivés en bordure des champs, mais les fruits sont essentiellement consacrés à la vente.  Depuis une dizaine d'années, la pêche en mer et sur les lacs a pris une dimension nouvelle. Elle a attiré de nombreux migrants qui créent des villages de bord de mer et sur les lacs. Cette production  permet localement une petite accumulation monétaire. Toutefois l'exploitation de cette ressource est limitée par les conditions de transport et de conservation du poisson.

  Limites
La région MENABE correspond sensiblement aux anciennes limites territoriales du royaume Sakalava. Le Menabe historique s'étendait du fleuve Manambolo au Nord  à Morombe, ville située entre Morondava, siège de la Préfecture, et Tuléar actuel chef-lieu de Province. Au cœur de la région Menabe se trouve la ville de Belo-sur -Tsiribihina située sur la rive nord de la Tsiribihina. Ce fleuve puissant comparable au Rhône, prend sa source dans les Hautes Terres. Il n'existe aucun pont sur la Tsiribihina, et pour se rendre à Belo en venant de Morondava on franchit le fleuve par le bac avec son véhicule, ou plus fréquemment en canot à moteur. La traversée de la Tsiribihina s'avère très longue, le courant du fleuve, amplifié par les eaux de pluies, ne permet la traversée du bac qu'à partir du mois de juin.
Le fleuve Manambolo au nord est moins impressionnant, on le franchit à gué en saison sèche, mais les fluctuations périodiques de son lit modifient profondément le paysage, puisque des zones irriguées de rizières peuvent s'assécher, comme ce fut le cas après le passage du cyclone GAFILO en 2004.

Mangaritoka
credit photo: S.Chazan ©

Conception graphique : Patrick Diéudonné